Rencontre avec la Ministre Morreale
La Ministre Christie Morreale et son équipe visitent la Ferme de Froidmont. Après un premier tour d'horizon pour mieux appréhender l'action menée par les CISP et les réalités de notre centre, la Ministre aborde la question des freins à l'emploi pour les stagiaires.
Une rencontre riche et conviviale
Nous avons échangé sur les réalités rencontrées par les CISP et les difficultés que nous rencontrons au quotidien. Pour enrichir sa connaissance du dossier, déjà bien étayée, la Ministre a questionné chacun d’entre nous.
Les formateurs en restauration et en maraîchage ont partagé leurs réalités et la tension de plus en plus forte entre et la production et la formation des stagiaires, dans un contexte de précarisation de ceux-ci. Notre coordinatrice pédagogique a expliqué les nouveaux défis et enjeux auxquels nous devons faire face. Deux anciens stagiaires étaient aussi présents pour partager leurs expériences et témoigner de ce que Froidmont leur a apporté dans leurs parcours de vie. Ainsi, nous avons été les visages derrière les réalités de notre centre, ce qui répondait aussi au souhait de la Ministre Morreale d‘appuyer ses actions sur du vécu.
Les freins à l’emploi
La mobilité
Pour nos stagiaires, l’obtention du permis de conduire est essentielle pour leur futur emploi. Dans le maraîchage, les perspectives d’emploi se situent souvent dans des zones décentralisées, mal desservies par les transports en commun. En Horeca, ce sont les horaires décalés et tardifs qui posent problème. Nous avons sensibilisé la Ministre à cette problématique et nous avons aussi interpellé la ministre Debue, compétente sur cette matière.
Nous devons faciliter la réussite du permis de conduire théorique de nos stagiaires. Nous avons donc répondu à un appel à projets de la Région Wallonne “pour lever les freins dans le parcours du stagiaire » qui nous le permettrait. Nous attendons la réponse pour début 2023.
La précarité
Pour réussir sa formation et aller jusqu’au bout, le stagiaire doit s’accrocher et se débrouiller avec des moyens financiers réduits. La dégressivité de ses allocations de chômage reste d’application pendant la formation. Leurs revenus se réduisent fortement et certains quittent la formation pour subvenir à leurs besoins.
Ces abandons s’amplifient avec l’augmentation des coûts énergétiques. Nous avons demandé à la Ministre de supprimer la dégressivité du chômage pendant la formation. Elle a des effets pervers très clairs sur les formations et les remises au travail.
La ministre a annoncé l’augmentation de l’indemnité horaire que nous versons aux stagiaires. Elle passe de d’1 à 2€/heure à partir de janvier 2023. C’est une bonne nouvelle pour eux !
L’équilibre entre formation et production
La précarité des stagiaires a augmenté considérablement en 3 ans, ce qui nous demande des accompagnements psycho-sociaux plus importants en temps mais aussi de suppléer les absences et retards des stagiaires qui sont un symptôme de précarité. Les formateurs doivent assurer la qualité de nos assiettes et de nos légumes avec ou sans stagiaires.
Sous-subventionnés, nous devons auto-financer une partie de plus en plus grande de notre activité pédagogique par nos activités marchandes, principalement via notre restaurant.
L’équilibre que nous parvenions à maintenir entre la pédagogie et l’accompagnement d’un côté et les activités marchandes de production de l’autre est maintenant trop souvent rompue. La contrainte économique et financière est en train de l’emporter sur notre mission et notre raison d’être. Cela s’ajoute à la forte augmentation de nos coûts (salaires, énergie, matières premières) et nos formateurs sont soumis à de fortes pressions.
Les revalorisations des subventions actuelles des CISP entre 2022 et 2023 annoncées par la ministre Morreale compenseront en partie l’indexation des salaires et des charges courantes.
Nous avons donc demandé à la Ministre de nous accorder l’agrément complémentaire de 10%, déjà demandé en 2021 et en 2022, afin de rééquilibrer le rapport entre pédagogique et finance et d’éviter d’épuiser notre équipe. Cela permettrait aussi d’engager le 4 ème formateur Horeca qui est nécessaire.
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